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Intelligence artificielle: Futur de l’Europe numérique ?

L’intelligence artificielle (IA) est un concept en mutation permanente, qui peine à trouver une définition homogène. Andrew Moore en résume le principe en une phrase : l’IA signifierait selon lui « disposer d’ordinateurs se comportant d’une manière dont on pensait encore récemment qu’elle nécessitait une intelligence humaine ».

Dans la presse économique ou les documents stratégiques publics nationaux et européens en matière d’IA, nous trouvons le plus souvent une multitude de terminologies associées comme : algorithme, robotisation, machine learning, Industrie 4.0, Big Data, et plus généralement toute appellation commençant par « e- », dont la lisibilité n’est pas toujours aussi évidente.

A ce propos, une étude réalisée début 2019 par la société d’investissement londonienne MMC Ventures affirme que parmi les 2380 start-up européennes qualifiées de « IA », plus de 40% n’utilisent aucune technologie ressortant de ce domaine.

En dépit de ces différentiations sémantiques, le consensus est total : l’IA est la nouvelle révolution industrielle et sociétale à l’œuvre dans le monde, comparable aux transformations apportées par l’électricité il y a plus d’un siècle. La compétition géographique fait rage, et l’Europe, à la traîne face aux Etats-Unis ou à la Chine, a dévoilé fin 2018 son plan coordonné dans le domaine de l’intelligence artificielle « made in Europe » , destiné à conjuguer les efforts de la Commission et des Etats membres pour peut-être atteindre des objectifs chiffrés de PIB agrégé oscillant, selon les analystes de Mc Kinsey, entre 2700 et 3600 milliards d’€ d’ici 2030.

Des perspectives économiques qui font rêver, malgré le constat d’investissements simultanément faibles et fragmentés au sein de l’Union européenne. Les différents instruments européens (Horizon 2020, mais aussi investissements privés) flèchent, en 2019 et 2020, 20 milliards d’euros dédiés à l’IA3.

A partir de 2021, le même montant devrait être consacré au sujet sur une base annuelle. La part européenne prévoit, au titre des principaux programmes communautaires concernés que sont Horizon Europe (successeur de l’actuel programme-cadre en matière de recherche et d’innovation) et Digital Europe (futur programme ciblant le marché commun numérique) 7 milliards d’euros dédiés entre 2021 et 2027, auxquels s’ajouteront les contributions des Etats membres et les investissements privés.

Mais concrètement, dans le patchwork européen de l’IA, pour la PME inquiète de réussir sa « transition numérique », la collectivité urbaine en processus de « smart citisation », le financeur public ou l’investisseur en quête de la prochaine « licorne » digitale, que recouvre réellement l’intelligence artificielle, en termes d’opportunités, de défis, de changement… et surtout, de soutien financier potentiel ?

La digitalisation de l’économie européenne pose en effet des questions en termes de stratégie financière. Ainsi, les montants énoncés recèlent des réalités comme un recours fortement accru aux instruments financiers au détriment du modèle de subvention « classique », ce qui requiert des compétences en ingénierie financière, nouvelles pour beaucoup d’opérateurs publics et privés. Quel accompagnement est prévu en ce domaine dans la myriade d’outils de la nouvelle période de programmation du budget communautaire ?

L’incertitude liée aux modalités d’agrégation des interventions nationales et communautaires renforce potentiellement le risque de perte de lisibilité et donc d’accessibilité aux dispositifs de soutien envisagés. Une réelle coordination entre les acteurs en charge du développement de l’IA, et une communication adaptée aux différentes cibles que représente… tout le monde, en fait, en matière d’IA, puisque l’économie, les services publics et l’administration, la recherche, la formation, … et le citoyen seront impactés.

La question des compétences numériques au sein des entreprises et des instances en charge des choix d’investissement se pose aussi, pour rendre compatible les ambitions du plan européen avec la réalité du terrain économique et institutionnel actuel. Digital Europe ne prévoit que 700 M€ au sujet du développement des « digital skills ». D’autres fonds seront mobilisables au niveau régional, national et européen, au prix parfois d’un travail de détective ou de fourmi pour identifier la bonne ligne budgétaire pour son projet de formation ou d’éducation.

Enfin, le plan coordonné européen, dans sa stratégie de différentiation avec les géants mondiaux de l’IA, insiste sur la priorisation des enjeux sociétaux et de l’éthique dans le développement de l’IA. Ces aspects sont en effet primordiaux pour préserver les libertés publiques et appréhender les défis de l’utilisation marchande des données personnelles. Mais concrètement, quels freins ou lourdeurs administratives et juridiques pèseront ainsi sur les opérateurs dont dépend le dynamisme du développement de projets innovants et socialement responsables ?

Depuis son émergence, l’intelligence artificielle génère et met en débat ces questions. En cette période de finalisation du budget européen pour 2021-2027 et de définition des modalités de fonctionnement des programmes communautaires, on ne peut que souhaiter qu’elles trouvent des pistes de résolution prenant en compte les besoins concrets des inventeurs et des utilisateurs de l’IA de demain.

Sandra Ungemach-Benedite

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