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L’action climatique : une priorité pour l’UE ?

 

Ces dernières semaines se sont révélées être une période charnière pour l’Union européenne, qui a vu se succéder négociations sur le Brexit, renouvellement de la Commission européenne, échanges inter-institutions sur le budget européen 2020 (dernière année du cadre financier actuel) et surtout sur les priorités et enveloppes pour la période 2021-2027…

Dans ce contexte se joue pourtant le futur de l’Union européenne. Mais un futur qui apparaît en demi-teinte, tant les dissensions entre institutions minent ces débats. Il est dès lors légitime de se demander dans quelle mesure les objectifs fixés par l’Union européenne, auxquels chaque mesure et politique devrait concourir, pourront être atteints. Regard sur les conséquences de ce discours ambigu pour l’un des sujets majeurs de ces dernières années, la lutte contre le changement climatique.

Des objectifs partagés, clairs et chiffrés…
L’Union européenne a pris conscience de l’urgence climatique et du carrefour dans lequel le monde se trouve s’il veut sauvegarder un environnement sain pour les générations futures. Dès 2008, elle s’est ainsi dotée de cibles, alors considérées ambitieuses, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% en 2020, par rapport aux niveaux de 1990. Le succès de cette démarche n’est d’ailleurs pas à remettre en question, cet objectif ayant été atteint dès 2015 et des progrès continuant, aujourd’hui encore, à être réalisés. Cette facilité, presque déconcertante, à respecter ses engagements climatiques remet cependant en question la pertinence du choix des cibles choisies… d’autant que le niveau de ces émissions a augmenté en 2017 (+0,6%).

Plus récemment, l’Union européenne a défendu l’accord de Paris de 2016 ciblant des objectifs forts. Elle s’est alors engagée à atteindre d’ici à 2030 une réduction de ses émissions de 40% par rapport au niveau de 1990. Compte tenu des politiques actuelles et des efforts en cours de réalisation par les Etats membres, il semble peu probable que ce seuil soit atteint dans les temps, si de nouvelles stratégies ambitieuses ne sont pas définies et mises en œuvre.        
Cet engagement supplémentaire fait l’objet de la stratégie sur le long terme de l’UE pour atteindre une économie neutre en carbone d’ici à 2050 – a Clean Planet for all.

La prochaine étape : Tout faire pour atteindre les cibles définies dans ces engagements ?

… fortement soutenus par le Parlement européen…
La stratégie Europe 2020, qui rend plus engageante les cibles climatiques, arrive à son terme en fin d’année prochaine. L’occasion pour l’UE de réaliser un dernier effort si elle veut conserver sa bonne image – relative – à l’international en matière de lutte pour le climat et l’environnement.

Les dernières semaines ont été marquées, dans les débats au sein du Parlement européen notamment, par la révision du budget pour l’année 2020. Et force est de constater que l’Union européenne peine à avancer solidairement avec des moyens conséquents de lutte contre le changement climatique. Parmi les trois institutions directement investies dans la prise de décision européenne – Commission européenne, Conseil de l’Union européenne et Parlement européen – seuls les parlementaires défendent une position européenne forte. Ils proposent ainsi une augmentation des crédits alloués aux questions climatiques de 2 milliards d’euros par rapport à la proposition de la Commission, pour atteindre plus de 37 milliards d’euros. L’objectif affiché étant de préparer le cadre financier pluriannuel 2021-2027, qui devrait allouer au moins 20% de son budget à la lutte contre le changement climatique.

… mais avec le soutien timoré des Etats
Malgré la volonté affichée de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’impact des activités européennes sur le climat et l’environnement, les volontés politiques de certains sont confrontées aux résistances des Etats membres. La plupart d’entre eux militent ainsi auprès des institutions européennes pour une limitation de leurs obligations et de leur contribution au budget de l’Union européenne – et, par extension, à l’action climatique.   

Les divergences sont ainsi nombreuses entre les demandes du Parlement et les concessions accordées par le Conseil, qui s’était notamment positionné sur une diminution du budget 2020 par rapport à la proposition de la Commission européenne (-1,51 milliards). De la même manière, la majorité des Etats membres rejettent en bloc la possibilité d’augmenter leur participation au budget de l’Union européenne par rapport aux 1% du RNB sous le cadre financier actuel (la Commission proposant une augmentation à 1,11% et le Parlement à 1,3%).

En parallèle, le président Juncker s’est présenté devant le Parlement européen le 22 octobre, pour subir un examen bilan de la politique menée par la Commission européenne. Si des efforts ont été reconnus aux niveaux politique (relations extérieures, maintien de la paix, gestion des migrations, négociations sur le Brexit) et économique (croissance, emploi, investissements), l’un des points négatifs de son mandat reste, pour les parlementaires, sa timidité en matière de lutte contre le changement climatique.

Ces constatations sont d’autant plus alarmantes que le budget de l’Union européenne ne pourrait permettre à lui seul d’inverser la courbe de pollution actuelle. Si les Etats membres continuent à camper sur leurs positions, en imitant ainsi leurs principaux concurrents américains et asiatiques, non seulement les objectifs pris par l’UE ne seront pas atteints, mais la planète continuera à dépérir, jusqu’à ce qu’un point de non-retour ait été atteint.

Ce mouvement est symptomatique du fonctionnement habituel de l’Union européenne et de l’opposition de fait entre les ambitions communautaires et leurs possibles implications au sein des Etats-membres. A l’heure où la souveraineté et la reconnaissance de cette souveraineté sont au cœur des politiques nationales, un quatrième pouvoir, jusqu’alors ignoré, gronde. Si l’UE ne parvient pas à trouver des solutions adéquates à cette crise, ni plus généralement aux autres qu’elle rencontre, la réponse pourra venir du peuple. Pour cela, cependant, il devra être écouté et soutenu.

La prochaine programmation devrait apporter un premier niveau de progrès en ce sens, en intégrant davantage certaines parties prenantes (villes, société civile, entreprises…) dans la prise de décision. Malgré cette volonté, la mise en œuvre et l’impact de ces discussions auront-il une existence réelle sur les politiques définies ?

 

 

 

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