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Les PME, les femmes et la Commission européenne : un trio gagnant pour 2021-2027 ?

Aujourd’hui, dans notre quête d’amélioration des politiques et des pratiques visant à renforcer l’égalité dans toutes les franges de la société, il est plus que jamais nécessaire d’établir un environnement dans lequel les femmes et les hommes peuvent s’accomplir égalitairement. Mais des efforts sont encore à fournir, puisque des études montrent que les femmes européennes restent sous-représentées sur le marché du travail de l’UE.
Si les femmes sont plus nombreuses que les hommes à obtenir un diplôme universitaire (en 2017, 45 % des femmes européennes étaient diplômées du supérieur, contre 35 % des hommes), elles n’ont toujours pas les mêmes opportunités d’emploi (les femmes actives sont 67 %, contre 79 % pour les hommes en 2017). Plus précisément, si l’on se concentre sur la recherche européenne, les femmes représentent 47 % des titulaires de doctorat en 2016, mais ne constituent que 33 % des chercheurs et 21 % des chercheurs de haut niveau (grade A).

Un écart entre les sexes en matière d’emploi qui a naturellement des conséquences énormes sur la compétitivité de l’UE, puisque la perte économique est estimée à 370 milliards d’euros par an. Selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, l’amélioration de l’égalité entre les sexes entraînerait une augmentation du PIB par habitant de l’UE (de 6,1 à 9,6 %) d’ici 2050, les exportations pourraient être augmentées de 0,7 %, tandis que les importations diminueraient de 1,2 %.

Des mesures correctives permettraient d’employer davantage de femmes, de réduire les écarts de rémunération ou d’améliorer la prise de décision devraient être un complément au « gender mainstreaming » (intégration de l’analyse de genre dans le contenu de la recherche ou dans les programmes de R&D). Cette question qui a été récemment mise en évidence par la Cour des comptes européenne (CCE), qui travaille actuellement à un rapport sur l’intégration de la dimension de genre dans le budget de l’UE. La non-inclusion du genre dans l’aspect budgétaire a également des conséquences sur les programmes de financement de l’UE : la CCE montre par exemple que des programmes initialement destinés à l’emploi et les questions sociales ont été utilisés pour lutter contre la discrimination sexuelle, alors que ce n’était pas leur principal objectif.

Comme l’UE vise également à être le premier continent en termes d’innovation et entend conserver sa position de premier marché mondial, des améliorations en matière d’égalité des sexes pourraient contribuer à sa compétitivité et faire la différence avec d’autres géants comme les États-Unis ou la Chine.

Qu’en est-il des PME ?

Si les PME représentent le plus gros employeur d’Europe, les femmes représentent moins de 30 % des entrepreneurs de l’UE, une part qui est restée stable au cours de la dernière décennie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la sous-exploitation du potentiel entrepreneurial des femmes, qui sont à la fois économiques et sociétaux.

Entre autres, en raison des stéréotypes sexistes et des biais inconscients, les femmes sont moins orientées vers les questions numériques dans leurs carrières, mais sont également moins présentes dans les secteurs des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), ce qui a un impact à la fois sur leurs performances et sur leur présence parmi les chefs d’entreprise.

L’accès au financement semble être un autre obstacle économique majeur à l’entrepreneuriat féminin. Les dirigeantes de PME ont tendance à « préférer » ou à se voir accorder des moyens plus sûrs definancer leur entreprise que des subventions ou des prêts importants, hautement compétitifs. Ce phénomène a néanmoins une conseéquence: leur niveau d’investissement est plus faible que dans les PME dirigées par des hommes.

Au niveau de l’UE, si l’on prend l’exemple de l’instrument européen pour les PME, seuls 15 % des projets sélectionnés ont été coordonnés par des femmes entre 2014 et 2017. Au contraire, les femmes sont plus nombreuses à participer à des projets impliquant le Fonds Social Européen (FSE) destiné à l’emploi et l’économie sociale.

Le Conseil européen de la recherche (CER) montre que les femmes et les hommes réussissent aussi bien dans la recherche de haute qualité : les projets soumis par des femmes ont le même taux de réussite que ceux soumis par des hommes (13 %). Toutefois, elles sont beaucoup moins nombreuses à présenter leur candidature, puisque la part des candidatures présentées par des femmes est de 30 %.

Quelles sont les réponses apportées par les programmes de l’UE ?

En tant qu’outils permettant de garantir la mise en œuvre des politiques de l’UE, les programmes de financement ont également un rôle à jouer !
Actuellement, plusieurs appels à projets sont ouverts dans le cadre du programme SWAfS (Sciences with and for society), parmi lesquels « Innovators of the future : bridging the gender gap », qui investira 2,5 millions d’euros dans le développement des compétences entrepreneuriales et encouragera la prochaine génération d’innovateur.ice.s.

Le projet Gender-NET Plus ERA-NET, est un bel exemple de projet financé promouvant le rôle des femmes dans le domaine de la R&D. Sur la base des objectifs de développement durable des Nations unies, l’ERA-Net a lancé un appel à propositions en 2017, pour des projets européens de trois ans traitant des questions de genre.

Le prix annuel pour les femmes innovatrices est également ouvert jusqu’au 21 avril ! Ce prix est décerné aux femmes qui ont fondé une entreprise prospère et introduit une innovation sur le marché européen. L’objectif de ce prix est également de créer des modèles pour les femmes et les jeunes filles, afin de les inciter à suivre leurs traces. Une mise en œuvre et une communication plus larges concernant ces prix pourraient être bénéfiques pour l’UE afin de soigner l’images des entreprises à succès et des femmes entrepreneurs dans la société.

Suites aux consultations ouvertes pour le futur programme Horizon Europe (2021-2027), plusieurs organisations de recherche ont conseillé à l’UE d’inclure des règles de participation tenant compte de la dimension de genre, afin de démontrer une réelle amélioration du nombre de participants et de chefs de projets. Si les attentes autour du programme sont grandes, un autre pas en avant pourrait être d’inclure le genre en tant que question transversale dans tous les programmes de financement de l’UE, d’augmenter la visibilité des réussites des femmes entrepreneurs et d’élargir la communication sur les opportunités de financement.

Julie Bouquin & Jeanne Collin

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